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Association Française des Ingénieurs et responsables de Maintenance
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Risques d’incendie en maintenance

Une approche technique structurée

Les opérations de maintenance, bien qu’essentielles à la pérennité des installations industrielles, représentent un point d’exposition critique au risque incendie. Ce risque, trop souvent sous-estimé, dépasse largement les zones classées ATEX ou Seveso. Il concerne tous les sites techniques, y compris les bâtiments historiques ou les infrastructures publiques.

Architecture du risque et déroulement opérationnel

La prévention du risque feu débute par une méthodologie stricte :

  • Mise en œuvre préalable d’un Plan de Prévention, surtout en cas de co-activité avec des entreprises extérieures, conformément au Code du Travail.
  • Nettoyage des lieux et suppression des sources de danger par le service exploitation avant toute intervention.
  • Inspection du site par le service sécurité, avec délivrance d’un permis de feu lorsque requis.
  • Consignation complète des énergies, y compris électrique, hydraulique ou thermique.
  • Vérification rigoureuse du matériel employé, incluant la certification du matériel antidéflagrant en zone sensible.

Durant les travaux

  • Présence obligatoire d’un agent sécurité qualifié, équipé pour une intervention immédiate en cas d’incident.
  • Suivi thermique de certains équipements à l’aide de caméras infrarouges pour anticiper les points chauds.
  • Ronde post-intervention systématique, au minimum deux heures après la fin des travaux.

Origines techniques des départs de feu

Un départ de feu résulte de la conjonction d’un combustible, d’un comburant et d’une source de chaleur. Parmi les vecteurs identifiés :

  • Les comburants : oxygène pur, peroxydes, chlorates, nitrates, y compris sous forme solide (ammonitrate).
  • Les sources de chaleur : chalumeaux, postes à souder, projecteurs halogènes, frottements métal/métal, effet Joule ou échauffements sur installations électriques provisoires, étincelles liées à l’électricité statique.
  • Les combustibles : gaz (CH₄, H₂, NH₃, H₂S), solvants liquides (MEC, MIBK), huiles hydrauliques, plastiques, poussières industrielles (farines, bois), métaux réactifs comme le lithium ou le titane.

L’exemple du sous-marin « Perle » illustre bien comment un éclairage à incandescence peut initier une combustion lente de plastiques, menant à un sinistre majeur.

Discipline opérationnelle et coordination des intervenants

La gestion du risque feu repose sur une coordination stricte entre :

  • Le service exploitation, garant de la préparation initiale.
  • Le service maintenance, responsable de la conformité des outils et méthodes.
  • Le service sécurité, acteur pivot de la surveillance continue et des validations.

Lors des opérations de grande ampleur (carénages, réaménagements lourds), la désignation d’un ingénieur coordinateur unique chargé du pilotage des intervenants extérieurs est impérative. Les règles de sécurité doivent être diffusées en amont, appliquées sans dérogation, et accompagnées de dispositifs de sanction en cas de manquement. La cascade de sous-traitance doit être strictement encadrée, voire interdite, sauf justification circonstanciée.

Culture du retour d’expérience

Au-delà des procédures, la prévention efficace passe par :

  • La sensibilisation permanente de tous les intervenants, y compris les sous-traitants.
  • L’organisation régulière de simulations et d’exercices sécurité.
  • L’analyse technique systématique des incidents, presque-accidents, et des retours d’expérience externes.
  • La défense constante du budget sécurité auprès des décideurs, en rappelant que « l’assurance ne paraît chère qu’avant l’accident ».

Analyser les incidents et "presque-accidents", qu’ils soient internes ou survenus ailleurs, permet d’améliorer les dispositifs, d’ajuster les comportements et de convaincre les dirigeants du bien-fondé des investissements en sécurité.

Conclusion

La maîtrise du risque incendie en maintenance n’est pas une simple affaire de conformité réglementaire : elle relève d’une logique d’ingénierie globale, alliant anticipation, vigilance, retour d’expérience et coordination humaine. Chaque opération technique, même la plus anodine en apparence, peut être le point de départ d’un sinistre majeur si les paramètres critiques sont négligés.

L’intégration de la prévention dès la phase préparatoire, le respect des procédures, la sensibilisation des intervenants et l’analyse des incidents passés forment un socle indispensable à la sécurité collective.

Face aux évolutions technologiques et aux contraintes d’exploitation, il est essentiel que les professionnels de la maintenance défendent une posture proactive et rigoureuse. Car en matière de sécurité incendie, l’enjeu dépasse le seul périmètre technique : il engage l’intégrité des personnes, la pérennité des installations et la responsabilité des décideurs.

Et comme le rappelle l’auteur avec lucidité : « Redoublez de vigilance !!! »

Ce texte s’inscrit dans une logique d’amélioration continue et de sécurisation des pratiques de maintenance. Il appelle les professionnels à ne jamais relâcher leur vigilance, quel que soit le contexte ou la pression opérationnelle.

Source : Article complet "Départs de feu en maintenance"
Gérard Neyret – Ingénieur ECP, VP(h) AFIM

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